mardi 25 mai 2010

Et nous..comment ça va?

Après 36 jours de marche, voici un petit "bilan de santé":

- On vient de se peser à Cuzco: on a perdu 7kg chacun! Tout secs les marcheurs! Et pourtant on mange...si si on vous assure! Mais il faut croire que la marche affine. Un peu comme les coureurs de fond Kenyan : pas un pet´ de graisse!

- Les ampoules c'est presque fini! Jeanne a encore quelques ampoules qui apparaissent après dix jours d'efforts mais nos pieds s'habituent peu à peu. Le secret? Une technique recommandée par la mère de Jeanne: mettre de la crême sous les pieds tous les jours. Et ça marche! Si nous pieds créent des ampoules, c'est en partie à cause de la sécheresse.

- Une intoxication alimentaire chacun : 1-1 partout balle au centre! Un café le matin mal digéré pour Tom, retour à la nourriture occidentale (pizza) pour Jeanne à Abancay. Rien de bien méchant: la fameuse tourista !

- A l'arrivée à Cuzco, les jambes de Jeanne sont toutes bleues et couvertes de petites piqûres. On s'est encore battus avec les épineux en arrivant en ville!

- Tom a des marques bleues sur les hanches. Pourquoi? La faute à la ceinture du sac sur les poignées d'amour...qu'il n'a plus!

- Marques de coup de soleil au cou, le bronzage marcheur fait des ravages!

- Il gèle la nuit, on s'inquiète pour la suite! Mais il nous reste la doudoune comme arme ultime contre le froid!

- Tom a mal au dos quand on marche sur du plat. Mais en montagne ça va mieux...quelqu'un a t-il une explication?!

A part ça, le moral est bon, on avance on avance et on est déjà presque à 850km!


Pérou-Bolivie-à-pied

Article sur les Andes Centrales - Le Petit Journal

Notre deuxième article est maintenant en ligne. Pour les petits curieux que ça intéresse, voici le lien: http://www.lepetitjournal.com/culture-sao-paulo/58270-perou-bolivie-a-pied-jeanne-terrier-thomas-brebion.html


Abrazoos!

lundi 17 mai 2010

Neuf jours sur les chemins Incas vers le Machu Picchu


Notre route est une ligne plus ou moins droite entre Huancayo et San Pedro de Atacama qui nous amène à connaître différents paysages et diferentes cultures.
En montant vers le Nord pour rejoindre le Machu Picchu, nous faisons un détour qui nous semble évident pour comprendre un peu plus la culture Inca et surtout connaître les magnifiques montagnes qui entourent le Machu Picchu !

 Jeanne traversant la Puna péruvienne pour descendre vers Cachora

Sept jours sont nécessaires depuis Cachora, petit village perdu au fond d’une vallée, pour rejoindre à pied le Machu Picchu. Sept jours sans routes, sept jours à travers les montagnes sauvages, sept jours sans personnes... ? Pas vraiment, d’après nos lectures et nos informations, nous rencontrerons des villages et des gens qui vivent couper de tout dans des vallées désertes. Tant mieux, car les dénivelés sont rudes et porter sept jours de nourriture sur nous ne nous enchantait pas. Nous partirons donc avec trois diners, du pain en quantité et des fruits secs pour nos pauses. Pour le reste, nous verrons...

La vallée de la rivière Apurimac encaissée entre des sommets à plus de 3000 m d’altitude


Partir à pied pour le Machu Picchu nous donne la sensation de faire un voyage à travers le temps. Les Incas empruntaient ces chemins, ils traversaient des vallées entières pour rallier les cités et délivrer des messages. Nous suivons leurs traces en nous aventurant sur les chemins qu’ils ont tracés.

 Sur les chemins Incas...
 
Les deux premiers jours de la marche consiste à rallier les ruines Incas du Choqueauirao, un mini Machu Picchu, planté à plus de 3000 m d’altitude qui servait entre autre de forteresse de défense entre les régions de l’Apurimac et de Cuzco habitées par deux cultures rivales. 

Les terasses d'agriculture visibles de loin à notre arrivée sur le site

 Au sommet du Choquequirao


Durant deux jours, nous croisons des groupes de touristes accompagnés de guides et de mules pour porter tentes, nourriture et affaires. Ils s’étonnent à notre rencontre de la taille de notre petit sac et se demandent où nous cachons nos réserves de nourriture. Il est vrai qu’après 20 jours de marche, nous commençons à être habitués même si nous portons rarement plus d’un diner avec nous.

Mais c’est après que la marche devient plus intéressante, lorsque nous quittons les groupes, les sentiers «balisés» et la sécurité de la présence de l’homme. Après notre visite du Choquequirao nous attendent quatre jours sans route et sans vie humaine avant le soir. Exités mais aussi un peu anxieux, nous nous renseignons auprès des muletiers qui nous assurent que le chemin est bien tracé...

Après un rapide petit dejeuner pris à l'aube...

 Nous nous avenventurons là dedans...

 Pour desendre 1500 m d'altitude...

 ...pour enfin traverser le Rio Blanco !

Nous repartons pour trois heures de montée harrassante vers le village de Maizal que nous espérons ne pas manquer car les vivre du soir sont terminées et nous comptons sur les gens pour nous préparer la soupe du soir. La montée nous entraine dans une forêt amazonnienne luxuriante qui pousse ici entre 2500 et 3500 mètres : la selva haute. C’est angoissant de ne pas voir où nous allons et d’évoluer dans une telle humidité. Les moustiques sont partout et nous retrouvons nos habitudes de déjeuner éclair afin de ne pas être trop dévoré.

Le soir, nous retrouvons enfin Maizal, ses trois maisons et son plat de riz blanc avec oeuf frit pris dans la cuisine de Mathilda au milieu des cochons d’Inde qui courent partout coursés par le chat.

Au réveil, c'est une montée de plus de quatre heures qui nous attend. Nous quittons la forêt humide et retrouvons notre belle puna que nous aimons tant. La puna se situe au Pérou entre 3500 et 4500 mètres, il n’y pousse pas grand choses à part de l’herbe et des buissons et c’est le paradis du marcheur car elle laisse entrevoir le chemin.

Au col, nous découvrons notre premier vrai glacier. Le passage à 4200 m vaut la peine. La sensation que l’on a lorsque l’on découvre le paysage nous fait oublier toutes les difficultés de la montée. 

 Au sommet !

Passage  de condors

Et puis nous découvrons Yanama, petit village aux toits de chaume, à deux jours de marche de toute route.

Les jours s'enchainent et se ressemblent. Nous montons pour redescendre dans des vallées plus belles les unes que les autres. La traversée de la vallée de Yanama pour rejoindre un col à 4600 m d'altitude nous semble irréelle. Nous évoluons dans un paradis sur terre. Des chevaux paissent tranquilement dans des champs où coulent des rivières directement venues des glaciers. La montagne est couverte de lilas violets, nous nous régalons !

   Sur les sentiers...

 La pause salutaire avant le sommet

Et le Salkantay sous nos yeux ébaillis !

Trois jours de marche encore et nous arrivons au Machu Picchu après une montée à la lampe frontale pour arriver à l'ouverture.

Au sommet du Huayna Picchu

Au coeur des ruines


Nous voila maintenant à Aguas Calientes que nous avons hâte de quitter tant la ville est touristique et affreuse.
Nous devenons des drogués de la marche et avons besoin de nos 25 km par jour. Le voyage en saut de puces de lieux touristiques en lieux touristiques ne nous attire plus. Nous avons besoin d'aventure et d'imprévus et de ne pas savoir où nous dormirons ni où nous mangerons le soir.
Dès demain, nous repartons en direction de la vallée sacrée pour 7 ou 8 jours de marche vers Cuzco. 
Portez vous bien ! Nous, nous allons bien...
Pérou-Bolivie-A-Pied ! 

Marche:

J22: Abancay-Cachora = 27km
J23: Cachora-Santa Rosa Alta = 25 km
J24: Santa Rosa Alta-Choquequirao = 8km
J25: Choquequirao-Maizal = 23 km
J26: Maizal-Yanama = 10km
J27: Yanama-Totora =21km
J28: Totora-Lucmabamba = 25km
J29: Lucmabamba-Aguas Calientes = 26km
J30: Aguas Calientes-Machu Picchu (et retour)= 15km

Cumulés = 724 km


samedi 8 mai 2010

Ayacucho - Abancay : 11 jours de marche...dur dur l'arrivée!

Les ampoules de Jeanne cicatrisées, nos corps reposés et nos panses repues par nos repas gargantuesques d'Ayacucho, nous reprenons la route en direction d'Abancay que nous pensons atteindre en 10 jours.

La ville d'Ayacucho nous a charmé avec sa majestueuse Place d'Arme et ses colonnes en pierres de meulières, ses balcons et ses terrasses en bois. A flâner dans les rues de la ville, on découvre aussi les cours intérieures des bâtiments officiels, comme des petits havres de paix.

 La cour intérieure du Palais de Justice - Ayacucho
 Place d'Arme
Curieusement, on se rend compte que l'arrivée et le départ des villes présentent leurs lots de petites contrariétés : l'arrivée d'étape est toujours trop longue et le départ est forcément frustrant car nous quittons notre confort pour retrouver les rigueurs de la route. Mais après quelques kilomètres, nous retrouvons nos sensations : le corps se remet en marche, place à la liberté et à la découverte! 

Afin d'éviter les routes principales, nous empruntons le plus souvent les routes incas, ce vaste réseau de chemins reliant une ville à une autre et construit par le roi Inca Pachacutec. A l'époque, des messagers parcouraient ces tronçons pavés dans tout l'Empire pour transmettre leurs messages! Pour nous, ce sont des "camiños" ou des "herraduras" qui ne sont malheureusement pas toujours bien préservés. On retrouve quand même les petits murets en pierre, le sol pavé et surtout le côté pratique de ces routes incas...on coupe, on coupe, et on gagne tellement de temps par rapport aux détours de la route principale!

Sur les traces des Incas!

En chemin ou dans les villages, nous avons la chance de trouver des "tienditas", ces petits magasins/épiceries où l'on trouve de tout. Du shampoing aux boites de thons, en passant par de l'anti moustiques, du riz, des oeufs, du pain, des pâtes...un supermarché taille réduite!
Les pauses "tienditas" sont souvent de bons moments de discussions: " A pied seulement? Mes pauvres...!". Nous discutons de tout et de rien, surtout de la vie des gens, des villages suivants que nous rencontrerons sur notre route, de nous aussi forcément. Les gérants des tienditas s'en donnent à coeur joie pour satisfaire leur curiosité  :"Quel pays?", "Vous allez où?", "Vous êtes mariés, des enfants?", "Vous faites une étude ici?". Les dames sont souvent attendries par nos mines fatiguées et défraichies (forcément si on fait une pause, c'est qu'on est pas très frais!) et nous offrent des clémentines ou des grenades pour nous remonter!

Tiendita de Saul (et sa femme Bertha), 25 ans, qui nous invitent à dîner. Gros fous rires!

Les jeunes filles, souvent les 2eme mamans

Nous retrouvons les paysages des Andes Centrales qui nous deviennent familiers. La Puna (entre 3500 et 4200 mètres) composée de lacs, de grands plateaux avec une alternance de vert foncé, vert clair, jaune, orange, rouge qui marquent les cultures de pommes de terres, quinoa, etc. Mais aussi le "cierro" (montagne) où nous luttons avec les arbustes piquants, et plus bas les paysages de falaises qui plongent dans les Rio; les cactus et les cultures de clémentines, oranges, etc.

Un lac à 4000 mètres aux portes d'Abancay

 Jeanne qui se bat dans aux milieux des épineux du Cierro


Pour la première fois depuis le début du voyage, nous avons connu la pluie! Suffisamment exceptionnel pour le mentionner! Heureusement que nous avions prévu les saisons :-). Aucune visibilité à 10 mètres, nous évoluons au milieu d'une vraie purée de pois...Nous avons bien failli nous tromper de chemin et nous retrouver dans la Puna à 4000 mètres sans rien ni personne pour aider ! Heureusement, comme souvent dans ces cas là, nous rencontrons quelqu'un qui nous remet dans le droit chemin...notre sauveur d'un instant!

 Sous la pluie, heureusement que nous sommes colorés!

 Notre Mr sauveur!

Souvent intrigués par nous, les enfants sont nos premiers interlocuteurs lorsque nous arrivons dans les villages. Au bord de la route, ou allongés dans l'herbe, on les trouve en train de faire leurs devoirs, à la sortie de l'école ou du champ, ou le soir lorsque nous ouvrons notre sac ("Mais que peut-il bien y avoir dans ce sac?!") et que nous montons la tente. Le plus intrigant, c'est la taille du géant Thomas :"Youhouaouu, c'est Goliath!" s'écrit même un gamin de Quillabamba.

Devoir de classe au bord de la route...vous avez besoin d'un bureau vous?

A la sortie du champ...

Autour de la construction de la tente, c'est l'animation!

La pause déjeuner...au calme!

Bataille de taille de pieds avec Goliath!

Après une longue ascencion et en direction d'Abancay, nous découvrons le notre premier cité Inca! Le site archéologique de Curamba, uniquement accessible à pied. Perché à 4300 mètres d'altitude, Curamba fut apparemment à l'époque impériale, l'un des grands centres miniers de l'Empire Inca avec 3000 habitants. Des fours utilisés pour la fonte de minerais de cuivre, d'argent et d'or. Aujourd'hui, il reste une pyramide à degrés d'où la vue est imprenable sur la vallée et les montagnes environnantes.

Le site Inca de Curamba...ça laisse rêveur!

Vue depuis la pyramide

Mathilde qui nous a emmené jusqu'au site, sur le chemin du champ de pommes de terre de son mari

L'épisode de l'arrivée à Abancay

Nous nous sommes perdus, perdus et perdus! Retrouvés au milieu de la montagne, sans eau (le seul matin où ne nous en avons pas trouvé, forcément!) et peu de nourriture. Sueurs froides...
A gauche ? Non c'est pas par là...A droite? On ne sait pas où ça nous mène. Oups. Que faire? Bon, continuons à droite, on verra bien. 1 heure de marche, toujours rien. Une dame nous indique un chemin très accidenté : "Continuez, c'est par là!". Jeanne craque un peu, moi je ne sais même plus pourquoi nous en sommes là...Un Rio! Ouf de l´eau! Attention elle a pas l'air très potable: merci Micropur! On suit un canal pendant une heure...Il n'y a même pas de chemins mais on continue, c'est la direction... Je tombe dans le canal : "Mince mon chapeau je l'ai perdu!". Allez, journée de merde, ça continue!! Finalement, après 4 heures à essayer de se frayer un chemin dans la montagne, nous tombons sur une bouse de vache! Nous sommes sauvés, si il y a des vaches c'est qu'il y a de la vie! De vrais marques dignes de nos GR français!
Ça nous servira de leçon. Ne jamais continuer alors que 9 Péruviens sur 10 nous disent de ne pas le faire...Et qu'un seul, l'unique, celui qui a tout fait basculer, nous affirme que ça passe!
En attendant, nous sommes à Abancay et partons demain en direction du Machu Picchu où nous serons dans 10 jours.


A bientôt!

Pérou-Bolivie-à-pied

Marche:
J11 : Ayacucho - Pinau = 24 km
J12 : Pinau - Matara = 27km
J13 : Matara - Ibias = 27 km
J14 : Ibias - Ahuayro = 23 km
J15 : Ahuayro - Totorabamba = 25 km
J16 : Totorabamba - Umaca = 30 km
J17 : Umaca - Andahuaylas = 26 km
J18 : Andahuaylas - Quillabamba = 28 km
J19 : Quillabamba - Matecclla = 25 km
J20 : Matecclla - Pacchachaca = 35 km
J21 : Pacchachaca - Abancay =12 k
Cumulé = 544 km

dimanche 2 mai 2010

Déjà plus de 400 km à pied !

"A pie no mas ? (A pied seulement ?)"

Et oui à pied ! Nous sommes arrivés aujourd'hui à Andahuaylas où nous dormons dans un lit après 7 jours d'écoles et de salles communales ! 1ère douche aussi...

Une petite photo révélatrice de notre 4 à 6 (entre 4 et 6h, ce petit moment de creux avant que les chefs du village rentrent des champs et nous ouvrent l'école !). Nous le passons en général avec une ribanbelle d'enfant qui entre autre s'éclatent avec notre matos (surtout les batons de marche !), et nous demandent : "Mais pourquoi y a écris Quechua sur tes chaussures ? Et ton t-shirt ?"


À très vite pour plus de photos de Abancay (dans 3 jours)

Pérou-Bolivie-A-Pied